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Sans carte, sans raison : quand le contrôle d’identité vire à l’abus

Chronique Express

 
Un jeune livreur à vélo, Jean, se retrouve arrêté en plein milieu d’une rue animée d’Abidjan par un policier. Vêtu d’un uniforme, l’agent de police pointe un doigt accusateur vers Jean, tandis qu’un homme à casquette, bloc-notes à la main, semble intervenir. En arrière-plan, des gbakas multicolores et des piétons circulent dans le chaos typique des rues ivoiriennes. L’image illustre un moment tendu où l’abus d’autorité et le racket policier transparaissent dans le quotidien des travailleurs vulnérables.

Jean, livreur à vélo, pris dans les filets du racket policier

Jean pédalait tranquillement dans le chaos habituel d’Abidjan, slalomant entre gbakas déchaînés et vendeurs à la sauvette. Une journée ordinaire.

Jusqu’à ce qu’un groupe de policiers l’arrête, d’un geste théâtral digne d’une série Netflix.

"Ta carte d’identité !", aboie l’un d’eux.

Jean, qui a la naïveté de croire qu’être un citoyen honnête suffit, répond qu’il l’a oubliée.


Erreur fatale.


S’en suit le classique : "Tu veux qu’on règle ça comment ?"

Une phrase que toute personne sensée traduit par : "Trouve quelque chose pour nous et on te laisse repartir."

Mais Jean, armé de principes et surtout fauché, refuse. Malheureusement pour lui, dans ce pays, avoir raison n’est pas une défense valable.

Résultat ? Il est embarqué sans autre forme de procès. Parce que, visiblement, rouler sans sa carte d’identité, c’est pire que voler un budget public.


Une loi mal comprise ou mal appliquée ?

Ce genre de scène donne envie de se poser une question simple : est-ce que la police connaît la loi qu’elle est censée faire respecter ?


L’article 61 du Code de procédure pénale est pourtant limpide : la vérification d’identité doit se faire dans le cadre d’une enquête judiciaire. En clair, si un délit n’a pas été commis ou qu’aucune recherche judiciaire n’est en cours, l’officier de police n’a aucun droit de vous demander vos papiers. Pas besoin d’un master en droit pour comprendre ça.


Mais ce n’est pas tout : même si la personne n’a pas ses papiers sur elle, les sanctions prévues sont légères – une amende de 36 000 francs CFA ou 10 jours maximum en prison.

Pas de quoi justifier une rafle ni, encore moins, un racket organisé.

Pourtant, dans la réalité, ces pratiques illégales sont monnaie courante.


Soyons clairs, les contrôles d’identité en Côte d’Ivoire visent souvent les plus vulnérables : livreurs, vendeurs ambulants, jeunes des quartiers populaires. Pourquoi ?

Parce qu’ils sont faciles à intimider et n’ont pas les moyens de se défendre. Et pour certains agents, la frontière entre "policier" et "collecteur de taxes informel" est inexistante.


Jean n’est pas juste une victime d’un contrôle abusif. Il incarne un système où la loi sert de prétexte à l’extorsion, et où les plus pauvres subissent une injustice ordinaire. Oui, avoir sa carte d’identité est une obligation légale. Mais s’en servir pour racketter est une honte qui déshonore ceux censés défendre la justice.

Une question à nos dirigeants : si un simple livreur devient une cible, qu’en est-il des autres ?

La vraie question est : à qui profite la loi ? Et surtout, quand ces dérives prendront-elles fin ?




5 Comments


fofana Bema
Dec 28, 2024

La vraie question est : à qui profite la loi ? Et surtout, quand ces dérives prendront-elles fin ?

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La Plume Acerbe
La Plume Acerbe
Dec 28, 2024
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Exactement !

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Cyrovilla
Dec 27, 2024

Super

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Guest
Dec 26, 2024

Le meilleur

J'adore tellement

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La Plume Acerbe
La Plume Acerbe
Dec 26, 2024
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Merci beaucoup !

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