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Quand la poudre s’évapore et que la confiance s’effrite

  • Photo du rédacteur: La Plume Acerbe
    La Plume Acerbe
  • 15 janv.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 1 mars

Chronique express


 

200 kilos de cocaïne disparus en Côte d'Ivoire.

Pas volatilisés par un tour de magie, mais par les détours bien huilés d’un réseau mêlant gendarmes et indics. Onze accusés au cœur du scandale : des hommes en uniforme censés incarner l’ordre, la sécurité et la loi.

Sauf que dans ce cas, la loi semble s’être évaporée avec la drogue, derrière des portes fermées, dans le silence oppressant d’un huis clos judiciaire.


Que raconte cette affaire, au-delà des kilos de poudre envolés ?


Elle dévoile, une fois de plus, les fissures béantes d’un système gangrené par une corruption qui n’essaie même plus de se cacher.

On parle ici d’un pays où la gendarmerie, supposée être le dernier rempart contre le chaos, s’illustre comme un acteur clé de la chaîne criminelle.

Alors, à qui fait-on encore confiance ?


Une affaire d’État étouffée dans un huis clos


200 kilos sur 1,56 tonne. Pas une « petite » quantité. Et pourtant, ce procès se déroule à huis clos, loin des regards indiscrets et des oreilles curieuses.

Pourquoi ?

Pour protéger qui ?

L’image de la gendarmerie, de l’État ou de certaines figures intouchables du système ?

Ce n’est pas seulement la cocaïne qui a disparu : c’est la transparence, la justice et la responsabilité qui semblent s’être volatilisées.

On ne juge pas ici onze individus, mais tout un système. Et pourtant, le public reste à la porte, tenu à l’écart comme si son droit de savoir était une nuisance.


L’ironie des saisies « spectaculaires »


Chaque fois qu’un gouvernement célèbre une saisie record – ici 1,56 tonne de cocaïne – c’est l’occasion de glorifier son appareil sécuritaire, de rappeler au peuple que « les autorités veillent ».

Mais quand cette même drogue finit par circuler à nouveau, vendue sous le manteau par ceux qui l’ont confisquée, que reste-t-il du discours triomphal ? Une fumisterie.

La lutte contre le trafic de drogue devient un théâtre de l’absurde où les criminels portent des galons et les gendarmes jouent à cache-cache avec leur propre morale.


Une justice complice ?


Et la justice dans tout ça ? Elle choisit le huis clos, comme pour éviter de laver son linge sale en public.

Mais ce linge sale, tout le monde le connaît déjà.

Ce procès est-il une mise en scène pour apaiser l’opinion publique ou une vraie tentative de rétablir l’ordre ? À ce stade, difficile de croire à la deuxième option.

La justice n’est pas seulement muette ; elle est complice d’un système qui préfère cacher les preuves de sa pourriture plutôt que de se réformer.


À qui profite le crime ?


La vraie question, celle que tout le monde évite soigneusement, est simple : qui tire les ficelles et encaisse les bénéfices ?

Ces 200 kilos n’ont pas disparu par hasard ou par négligence. Ils alimentent des réseaux où se mêlent criminels notoires et figures respectées. Ils financent des campagnes, achètent des silences et cimentent des alliances invisibles. Le trafic de drogue, ici comme ailleurs, est une industrie à part entière, une mécanique où chaque acteur – qu’il soit en uniforme, derrière un bureau ou en coulisses – joue un rôle précis.

Ce n’est pas un dysfonctionnement : c’est un système pensé pour que l’argent sale circule, nourrisse des ambitions personnelles et conforte le pouvoir de ceux qui profitent du désordre.


Cette affaire n’est pas un simple fait divers, mais une parabole amère sur l’état de nos institutions. Elle dévoile ce que tout le monde murmure tout bas : les structures censées protéger la société sont parfois celles qui la saignent à blanc.

Quand la drogue s’évapore sans explication, ce n’est pas seulement un scandale, c’est une perte de repères pour tout un peuple.

Et pendant que la poudre circule dans des circuits bien trop opaques, la confiance des citoyens, elle, disparaît définitivement, emportée dans un silence complice.

Yorumlar


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