Quand l’école faillit, la société vacille
- La Plume Acerbe
- 8 janv.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 28 févr.
Chronique express
Il y a des images qui frappent par leur absurdité.
Des élèves, armés de projectiles, prêts à en découdre, non pas pour une cause noble, mais pour obtenir… des congés anticipés.
La scène pourrait prêter à sourire, si elle ne s’était pas terminée par un enseignant blessé au visage, une violence devenue si banale qu’elle ne choque plus personne.
L’épisode de l’agression de M. Kouakou Richard à Issia n’est pas un fait isolé : il est le reflet d’un malaise plus profond, celui d’une société où l’éducation vacille et où la violence devient le langage par défaut.
L’école devrait être un sanctuaire, un espace dédié à l’apprentissage, au respect, et à l’échange d’idées.
Pourtant, en Côte d’Ivoire, elle devient trop souvent une arène, où frustrations et incivilités explosent. Ces élèves, qui jettent des pierres pour réclamer quelques jours de vacances supplémentaires, sont-ils uniquement coupables, ou bien sont-ils le produit d’un système qui les a abandonnés ?
Car derrière ces actes révoltants se cache une réalité tout aussi dérangeante : des classes surchargées, des enseignants mal payés et souvent déconsidérés, et une éducation civique reléguée au rang de souvenir d’une époque révolue.
Comment exiger des élèves qu’ils respectent leurs professeurs, quand la société elle-même ne leur accorde ni moyens, ni reconnaissance ?
Mais ces élèves ne sont pas sortis de nulle part.
Ils ont grandi dans une société où la violence est omniprésente : dans les discours politiques, dans la gestion des conflits sociaux, et même dans les interactions du quotidien. Comment s’étonner qu’ils choisissent les pierres et les coups comme moyen d’expression, quand ils voient les adultes autour d’eux faire de même ?
Cette tradition des congés anticipés, qui remonte aux années 1990, est devenue une mascarade annuelle. Chaque décembre, des bandes d’élèves, excités par l’idée de vacances prématurées, organisent des émeutes dans les écoles. Les autorités promettent chaque fois des mesures fortes, des sanctions exemplaires… et pourtant, rien ne change.
Pourquoi ?
Parce que la véritable réforme, celle qui exige un investissement massif dans l’éducation, est toujours repoussée aux calendes grecques.
Cet incident pose une question plus large : que voulons-nous vraiment pour notre jeunesse ?
Une éducation qui inspire, qui donne des outils pour bâtir un avenir meilleur, ou bien une usine à diplômes sans âme, où l’on apprend à mémoriser des réponses plutôt qu’à réfléchir ?
Il est facile de blâmer ces jeunes pour leur incivisme.
Mais où sont les parents, ces premières autorités morales, quand leurs enfants transforment l’école en champ de bataille ?
Où sont les décideurs politiques, qui se vantent de leurs plans ambitieux pour l’éducation, tout en laissant les écoles publiques manquer du minimum vital ?
Où est la société, qui a normalisé l’impunité, où casser une vitre ou blesser un enseignant devient un acte anodin, presque attendu ?
L’école n’est pas juste un lieu d’apprentissage : elle est le socle sur lequel repose toute société.
Lorsque ce socle se fissure, c’est tout l’édifice qui menace de s’effondrer.
Ces élèves violents d’aujourd’hui seront les citoyens de demain. Et s’ils apprennent que la violence ouvre plus de portes que le dialogue, que restera-t-il de nos valeurs collectives ?
Alors, oui, demandons-nous : que fera cette génération, quand elle devra affronter les vrais défis de la vie ?
Ira-t-elle jeter des pierres à son patron pour exiger une augmentation ?
Détruire des infrastructures publiques pour réclamer de meilleurs services ?
L’épisode d’Issia n’est pas juste une anecdote scolaire : c’est une alerte rouge pour toute la société.
Une société qui abandonne son école abandonne son avenir.
Si nous voulons éviter que cette violence devienne la norme, il est urgent de repenser notre système éducatif. Non pas avec des discours ou des promesses creuses, mais avec des actes concrets, un investissement réel, et une mobilisation collective.
Car, au final, la question n’est pas de savoir si ces élèves méritaient des congés anticipés.
La vraie question est : combien de temps allons-nous encore repousser les réformes nécessaires, avant qu’il ne soit trop tard ?
usine à diplômes sans âme, où l’on apprend à mémoriser des réponses plutôt qu’à réfléchir.😷
Les parents ? Eux aussi sont passés par cette école mais avec des paradigmes très différents, au point qu'ils ne comprennent pas qu'un élève puisse frapper son enseignant ?
Les parents ? Aujourd'hui la cherté de la vie le contraint a se lever tôt et renter tard pour pourvoir aux besoins de la famille, ont quel temps pour s'intéresser à ce que fait son enfant a l'école ! Il est préoccupé par leur survie et celle de leur famille. Certains parents sont informés des mauvaises habitudes de leurs enfants mais ils n'ont pas le temps. La vie les mange.
Que les autorités redonnent a l'école…