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Bonne année, Monsieur l’agent… et votre "Cody's" ?

Chronique Express


 


Un policier arborant un sourire exagérément large tend une main avide, tenant déjà une liasse de billets, tandis qu’un conducteur, résigné, lui remet de l’argent depuis sa voiture. En arrière-plan, une rue animée, des passants, et une voiture de police soulignent l’environnement typique d’une scène quotidienne. Cette illustration satirique reflète les pratiques controversées et implicites d'extorsion déguisée sous des souhaits de 'bonne année'.


Bonne année à tous ! Et bien sûr, bonne année aussi à nos chers policiers.

Combien d’entre vous vont vivre cette scène incontournable des débuts de janvier : vous roulez tranquillement, encore sous les effets de votre indigestion post-fêtes, quand soudain… un agent vous fait signe de vous ranger. Pas de panique, vous vous dites, il s’agit sûrement d’un banal contrôle. Vous sortez vos papiers, prêts à démontrer que votre assurance est en règle, votre permis valide, et votre conscience aussi pure que l’huile rouge du marché. Mais non ! Le policier vous gratifie d’un large sourire et déclare :

"Non, c’est juste pour vous souhaiter bonne année."

Ah, quelle chaleur humaine ! Quel sens du service public !

Mais attendez… pourquoi ce sourire s’étire un peu trop longtemps ?

Pourquoi ce regard insistant vers votre portefeuille ?

Là, vous comprenez : le "bonne année" n’est pas gratuit. Ce n’est pas un souhait, c’est un prélude. Et dans cette partition bien rodée, il ne manque qu’une chose : votre fameux "Cody’s."


Quand la tradition vire à l’extorsion festive

Soyons clairs : dans notre belle Côte d’Ivoire, souhaiter la bonne année, c’est un rituel sacré. On donne aux enfants, à la famille, même à la voisine qui adore critiquer vos tenues.

Mais depuis quand ce geste affectueux s’est-il invité chez les forces de l’ordre ?

Depuis quand certains policiers, ces garants de la loi, se permettent-ils de tendre la main en pleine rue comme des cousins éloignés venus quémander leur part du gâteau ?

Le plus ironique, c’est que théoriquement, vous n’êtes pas obligé de donner.

Mais en pratique… ah, en pratique. Qui osera dire "non" à un agent de l’ordre ?

Car même si la demande est enveloppée d’un joli "bonne année," elle repose sur une dynamique bien moins festive : celle de la pression implicite. Vous savez, ce subtil mélange de "je suis la loi" et "je peux vous embêter si je veux."


Un sourire qui coûte cher

Soyons honnêtes : ce n’est pas le montant qui dérange... quoique. Mille ou deux mille francs, ce n’est pas ça qui ruinera vos résolutions financières (si elles survivent jusqu’au 10 janvier). Mais quand vous vous retrouvez à donner cinq cents francs à chaque policier croisé, jour après jour, la somme finit par grimper. Ce petit geste de "bonne année" devient vite un trou dans votre budget.

À ce rythme, c’est vous qui aurez besoin d’un "Cody’s" pour boucler le mois.

Et puis, soyons sérieux : ces agents qui réclament leur "Cody’s," ils le font au nom de quoi ? Du service public ? Du droit de souhaiter la bonne année sur le bord de la route ? Non, ils le font parce qu’ils savent qu’ils peuvent.

Parce qu’ils savent que dans ce théâtre social, vous êtes le spectateur impuissant qui ne veut pas que la pièce se transforme en drame.


Bonne année, mais à quel prix ?

La tradition de donner pour la bonne année est une belle pratique, ancrée dans notre culture. Elle symbolise la générosité, le partage, le lien social. Mais lorsqu’elle est détournée par des figures d’autorité, elle perd tout son sens. Car donner n’est plus un choix : c’est une obligation morale déguisée. Et ce qui est censé renforcer les liens finit par éroder la confiance envers les institutions.

Alors, en ce début d’année, osons poser la question : le Nouvel An doit-il vraiment être une excuse pour transformer l’espace public en terrain d’échange sous-entendu ? Et surtout, à quand une véritable séparation entre nos traditions culturelles et les pratiques qui exploitent notre sens du devoir moral ?


En attendant, bonne année à tous – y compris aux policiers. Et si vous croisez l’un d’entre eux sur la route, n’oubliez pas : un sourire peut parfois suffire. Mais pas toujours.








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